
Selection de: Fabio Pusterla, Les Choses sans histoire – Le cose senza storia. Traduit de l’italien par Mathilde Vischer, Moudon 2020, (Editions Empreintes)
Al castello
Dentro Ie cose, al nòcciolo dei giorni
tira un vento impetuoso. Sulle pietre
Use delta cucina scorre I’acqua, nella casa
scricchiola il legno, I’ora;
fuori, la notte, un uomo che non vedi
Strascina il proprio sacco di fatica:
foglie secche. Ci osservano Ie
cose, il loro immobile
resistere a quel vento. Atari, mensole.
Una scintilla pazza
imbocca la sua gola di camino
e poi scompare.
Au château
A l’interieur des choses, au coeur des jours,
un vent impétueux souffle. Sur les pierres
élimées de la cuisine l’eau court, dans la maison
Ie bois craque, l’instant;
dehors, la nuit, un homme que tu ne vois pas
trame son sac de fatigue :
feuilles sèches. Les choses
nous observent, leur immobile
resistance a ce vent. Chenets, etageres.
Une étincelle folle
s engouffre dans le tuyau de la cheminée
et disparaît.
*****
Due poesie dell’oleandro
1
Dove vuoi che si vada? II sopra
e una montagna dura di calcare
roso all’interno; davanti e I’acqua
immobile del lago.
A destra e a sinistra lo stradone
porta da nessuna parte.
2
Il significato di questi fatti non è chiaro.
Eppure: I’erba continua a uscire
e s’aggroviglia il glicine.
Anche Valencia, che beve e puzza,
continua a camminare come d’inverno :
con un cappotto lacero
e un cane morto in braccio,
masticandò qualcosa.
Le laurier
1
Ou pourrait-on aller? Là-haut
une montagne dure, calcaire
rongé de l’ intérieur; devant
l’eau immobile du lac.
A gauche et à droite la grand-route
ne mène nulle part.
2
La signification de ces faits n’est pas claire.
Et pourtant: l’herbe continue à pousser
et la glycine grimpe.
Même Valencia, qui bolt et empeste,
continue ses promenades comme en hiver:
avec un manteau déchiré,
un chien mort dans les bras,
mâchant quelque chose.
*****
Allievi
Li incontro sulle piazze
o in qualche bar, li riconosco
quasi sempre, e penso cosa diventano,
adesso, tutti quegli occhi, quelle dita.
Carburatori, cravatte. Certi timidi,
altri perfino odiosi. E i devastati,
quelli che leccano I’asfalto.
E infine anch’io,
che ho in mono cetrioli e carta igienica.
Elèves
Je les rencontre sur les places
ou dans les cafés, je les reconnais
presque toujours, et je pense à ce qu’ils deviennent,
maintenant, tous ces yeux, ces doigts.
Carburateurs, cravates. Certains timides,
d’autres odieux, même. Et ceux
qui sont ravagés, qui lèchent l’asphalte.
Et moi enfin,
portant concombres et papier de toilette.
*****
Si perdono
I ragazzi si perdono
come mele che cadono dat tavolo:
nessuno li trattiene,
si è distratti, o magari si ragiona
di cose molto importanti
anche per loro.
Così quasi nessuno
ne tollera lo sguardo di rimprovero.
Ils se perdent
Les jeunes se perdent
comme des pommes tombant de la table:
personne ne les retient,
on est distrait, et on discute peut-être
de choses très importantes
pour eux aussi.
Ainsi presque personne
ne tolère leur regard de reproche.
*****

Signora al bar
Aveva torto a dirlo, e si perdeva,
forse, lo sguardo tra quelle nuvole basse,
malmostose, che solo molto più tardi, verso sera,
si sarebbero decise in temporale; e c’era, anche,
I’afa di giugno, i primi caldi opachi,
I’ombra di uno stampella appoggiata al muro.
Ma parlava
senza rivolgersi a nessuno di preciso,
quasi con un sorriso, quasi
gentilmente, vecchia signora piena di riguardi
«Non sanno più ridere,
non come ridevamo noi, sempre col muso,
musoni come il tempo
e questo cielo.»
Femme au café
Elle avait tort de Ie dire, et peut-être se perdait-il,
son regard, entre ces nuages bas,
ombrageux, qui bien plus tard seulement, vers Ie soir,
seraient devenus orage; et il y avait, aussi,
la touffeur de juin, les premières chaleurs troubles,
l’ombre d’une béquille posée contre Ie mur.
Mais elle parlait
sans s’adresser à quelqu’un en particulier,
presque avec un sourire, presque
gentiment, cette vieille femme pleine d’egards:
«Ils ne savent plus rire,
comme nous nous riions, toujours avec une moue,
boudeurs comme Ie temps
et ce ciel.»
*****
14 giugno 1991
Chi suona? Ma è una musica, e ogni gesto
forse risponde a un suono,
anche un paesaggio
o un braccio che si alza. E camminare.
Capita di commuoversi
difronte a due che parlano o si guardano.
Più spesso è cera, timpani murati.
14 juin 1991
Qui joue ? Mais c’est une musique, et chaque geste
fait peut-être écho à un son,
un paysage
ou un bras qui se lève. Et marcher.
On peut être ému
par deux individus qui parlent ou se regardent.
Plus souvent c’est la cire, les tympans murés.
*****
Tre frammenti della disdetta
a mia madre
I
Certe case non sono solo case:
relitti affioranti, su scogliere
dove il vento è più implacabile, forte,
e il grido di dolore si confonde
col rumore del mare.
Lo squalo che Ie sfiora con la pinna
dorsale, disattento,
nemmeno se ne accorge. Ma ci sono.
II
« Nel nostro paese
il sole si alza verso Monte Olimpino
e va giù dalle parti di Seseglio. A mezzogiorno
si trova Pedrinate e il bosco Penz, ricco di funghi
e roveti. Come riferimento
prendiamo la Casa dei Ladri. »
III
Vieni,
dobbiamo andare.
Tanto qui
non c’è più nulla da fare.
Trois fragments d’un congé
à ma mère
I
Certaines maisons ne sont pas que des maisons:
épaves affleurant sur des récifs
où Ie vent est le plus implacable, violent,
où le cri de douleur se confond
avec le bruit de la mer.
Le requin qui les effleure de sa nageoire
dorsale, distrait,
ne s’en aperçoit même pas. Mais elles existent.
II
«Dans notre village
Ie soleil se lève vers Monte Olimpino
et descend du côté de Seseglio. Au sud
se trouvent Pedrinate et Ie bois de Penz, couvert de champignons
et de ronceraies. Comme point de référence,
prenons la Maison des Voleurs.»
Ill
Viens,
nous devons partir.
Ici, de toute façon,
ll n’y a plus rien à faire.
*****
Nevicare (scrivere d inverno)
Sorprendere in silenzio la città addormentata
portando la formula del freddo
e il cielo muto,
lambire fili tesi, rami
secchi,
posarsi, sfarsi, diluirsi
senza. rumore o vento,
scendere bianca inattesa
senza peso
ricoprire
la strada, lapanca, la casa.
Neiger (ou écrire en hiver)
Surprendre en silence la ville endormie
portant la formule du froid
et Ie del muet,
lécher des fils tendus, des branches
sèches,
se poser, se défaire, se fondre
sans bruit ni vent,
descendre blanche inattendue,
sans poids
recouvrir
la route, le banc, la maison.
*****

Paesaggio
Qui piove per giorni interi, talvolta per mesi.
I sassi sono neri d’acquate,
i sentieri pesanti.
*
Sul bordo delle rogge:
girini, latte scure. Una valigia
incatramata.
*
Un filo d’olio cola
sulla ghiaia. Sopra, cemento.
Se gratti la terra: detriti,
mattoni scagliati, denti di coniglio.
*
Si possono pensare rumori umani,
passi, palle da tennis. Voci eventuali.
Ogni frantume e ammesso purché inutile.
*
Siccome questo è il vuoto c’è posto per tutto,
e quel poco che c’è, è come se non ci fosse.
Anche i binari sono perfettamente inerti,
Ie lucertole immobili, i vagoni
dimenticati.
*
E poi il pollaio. Le cose senza storia.
O fuori. Una carriola
che non ha ruote. Un pozzo. Un secchio marcio
privo di fondo. II nome di uno scemo:
Luigino. Piume dentro la rete, di gallina.
Buchi dentro la rete. Trame rotte.
Quello che non chiamate crudeltà.
*
lo sono questo: niente.
Voglio quello che sono, fortemente.
E Ie parole: nessuno adesso me Ie ruberà.
Paysage
Ici, il pleut des jours entiers, parfois des mois.
Les pierres sont noires d’averses,
les sentiers lourds.
*
Sur Ie bord des canaux :
têtards, ferraille sombre. Une valise
goudronnée.
*
Un filet d’huile coule
sur le gravier. Dessus, du ciment.
Si tu grattes la terre : des déchets,
briques écaillées, dents de lapins.
*
On peut penser à des bruits humains,
des pas, balles de tennis. Voix éventuelles.
Tout débris est admis à condition d’être inutile.
*
Comme ll s’agit du vide, il y a de la place pour tout,
et ce peu qu’il y a est comme s’il n’était pas.
Même les voles sont parfaitement inertes,
les lézards immobiles, les wagons
oubliés.
*
Et puis Ie poulailler. Les choses sans histoire.
Ou dehors. Une brouette
qui n’a pas de roues. Un puits. Un seau pourri
sans fond. Le prénom d’un idiot:
Luigino. Plumes dans le grillage, de poule.
Trous dans Ie grillage. Intrigues rompues.
Ce que vous n’appelez pas cruauté .
*
Je suis ceci: rien.
Je veux ce que je suis, fortement.
Et les mots: maintenant personne ne me les volera.
******
I Crocus di Evolène
a Guenda
Ho spazzolato con cura Ie mie scarpe infangate,
ho cucito un bottone ai pantaloni. Poi, nel parco,
ho osservato i primi fiori di magnolia, e il becco giallo
di un merlo. Ai piedi delle montagne
piccoli fiori viola sbucano dalla neve,
accennano la strada a chi si è perso.
Les crocus d’Evolène
à Guenda
J’ai brossé avec soin mes chaussures boueuses,
j’ai cousu un bouton à mes pantalons. Puis, dans Ie parc,
j ai observé les premières fleurs de magnolia, le bec jaune
d’un merle. Au pied des montagnes
de petites fleurs violettes éclosent dans la neige,
montrant la route à qui s’est perdu.
******
Pol l’erba
a Sandra B.
Forse perché era il centra di qualcosa,
la madre del vecchio insegnante di tedesco,
di un mondo immaginato dietro it rosso
velluto del tendaggi, o nei resti del thè,
o ancora nel sentore
di cavoli e cumino, di vento degli Urali
che spazza scacchiere d’Asia, pianoforti
e giovani betulle; certo è in te
qualcosa di quel centro, un fotogramma
plumbeo e insieme lucente, come I’eco
di un galoppare lontano, e un rumore di piatti
riempiti e lavati e riempiti per generazioni.
Poi I’erba, una fatica silenziosa.
Et puis I’herbe
à Sandra. B.
Car elle était peut-être le centre de quelque chose,
la mère da vieil enseignant d’allemand,
d’un monde imaginé derrière Ie velours
rouge des rideaux, ou dans les restes de thé ,
ou encore dans Ie parfum
de choux et de cumin, le vent de l’Oural
qui balaie les plaines d’Asie, pianos
et jeunes bouleaux; il y a bien sûr en toi
quelque chose de ce centre, un photogramme
a la fois oppressant et brillant, comme l’echo
d’un galop lointain, et d’un bruit d’assiettes
remplies et lavées et remplies pendant des générations.
Et puis l’herbe, une fatigue silencieuse.
*****

Rispondendo a una lettera di Mattia
Ti scrivo da questi luoghi «così amati»,
dove la luce è anche più chiara nell’inverno,
il cielo rosso. Nei grandi magazzini
gli uomini del sabato fanno provviste,
stipano casse di viveri nei grandi bagagliai.
Razzie festive: è tutto. Presso Cima
galleggia un presepe sul lago, insanguinato.
C’è da tirare il fiato quando annotta.
Répondant à une lettre de Mattia
Je t’écris de ces lieux «tant aimés»,
ou la lumière est encore plus claire dans l’hiver,
Ie ciel rouge. Dans les grands magasins
les hommes da samedi font des provisions,
entassent des caisses de vivres dans de grands coffres.
Razzias festives: voilà tout. Près de Cima
une crèche flotte sur Ie lac, ensanglantée.
Quel soulagement quand la nuit tombe.
*****
Periferia con palazzo in costruzione
Galletti arguti? Ma no: tacchini fra Ie case.
Nessuna massaia nei dintorni; un’infermiera
ritorna dal caffè , qualche asilante
guarda I’acqua dal ponte.
Passa una moto, un camion, giorni e giorni.
Noi due controlliamo gli scavi.
Peripherie avec immeuble en construction
De joyeux petits coqs ? Mals non: dos dindons parmi les maisons.
Pas une ménagère alentour; une infirmière
revient du café , quelques requérants d’asile
regardent l’eau, sur Ie pont.
Une moto passe, un camion, des jours et des jours.
Nous deux, nous contrôlons les travaux.
*****
II merlo
Se fischia
verso il chiaro, e il giorno è solo
una fessura grigia dentro il freddo,
nessuno può sentirlo: nel garage
è ancora buio, sporadici
sussulti di lamiera. Bandiere azzurre immobili.
Sul ghiaccio
passa un soffio di vento, quasi un brivido,
un cavo d’acciaio sbatte. E se col becco
fruga nel nero delle penne o cerca
la briciola fra i sassi, il filo verde
che stenta nella crepa,
tu guardalo più attento: ecco, un motore
tossisce dietro I’angolo,
stanchezze puntuali si rinzelano. Ma il merlo
saltella, alza la testa,
prende il volo.
Le merle
S’il chante
vers la clarté , et si le jour n’est
qu’une fente grise dans Ie froid,
personne ne peut l’entendre: dans Ie garage
il fait encore nuit, brefs
tremblements de tôle . Drapeaux bleus, immobiles.
Sur la glace
un souffle de vent passe, presque un frisson,
un cable d’acier bat. Et si, de son bec,
ll fouille dans le noir de ses plumes ou cherche
la miette entre les pierres, le brin vert
qui germe dans la fissure,
regarde-le de plus près : voila, un moteur
tousse à l’angle de la rue,
des fatigues ponctuelles s’attisent. Mais Ie merle
sautille, lève la tête ,
prend son envol.
*****
Carlo
Le goccioline, o la polvere sottile
che avevi sui capelli: incrostazioni
di chissà che viaggio. E poi il sorriso
e un modo di guardare: vento, cigno,
qualcosa di sconvolto. Pochissime Ie parole.
Sigarette, questo si, brevi battute.
Muri coperti di scritte.
Sulla porta ho trovato un foglietto( «DESASTER»)
e un mazzo di fiammiferi per dire che eri morto.
Carlo
Les gouttelettes, ou la poudre fine
que tu avals dans les cheveux: poussières, saletés
de Dieu sait quel voyage. Et puis ce sourire
une manière de regarder: Ie vent, un cygne,
quelque chose d’égaré. Les mots, si rares.
Des cigarettes, oui, et de brèves plaisanteries.
Des mars recouverts d’inscriptions.
Sur la porte j’ai trouve un billet («DESASTER» )
et un tas d allumettes pour dire que tu étais mart.
*****

Prima dei corvi
Un attimo prima dei corvi,
nel calore dei gialli, nelle strade
di grano mature, nell’ultimo sole,
ho visto venire la notte con occhi di gufo.
Ecco il prezzo del caldo:
un cielo di cupa minaccia, I’azzurro di un dio
inesistente, e dentro I’azzurro due gorghi,
due aquile cieche.
Ma ho accettato, lo sai:
incubi, orecchie, anche il marchio d’infamia,
solo per essere qui, adesso,
per dire che c’ero.
Avant les corbeaux
Un instant avant les corbeaux,
dans la chaleur des jaunes, dans les rues
de blé mûr, dans le dernier soleil,
j’ai vu venir la nuit avec des yeux de hibou.
C’est le prix de la chaleur:
un ciel de menace sombre, le bleu d’un dieu
inexistant, et dans le bleu deux gouffres,
deux aigles aveugles.
Mais j’ai accepté , tu Ie sais:
les cauchemars, l’oreille, même la marque infamante,
rien que pour être ici, maintenant,
pour dire que j’y étais .
******
Passaggio di luce
I faggi contra il cielo: anche più argentei
quanta più il cielo è cupo.
Qualcosa da imparare c’è anche qui.
*
Fontane secche, sterco
nero di capre andate: ma se guardi
da più lontano, luce
abbacinante.
*
Scavare fino al sasso, denudare
la vena delta roccia, sotterranea :
freddo calcare bianco.
Lì conservare il latte, sulla neve.
*
Anemoni, pervinche. E solitaria
uno. manciata d’erica,
la gracile.
Paysage de lumière
Les hêtres centre Ie del : plus argentés encore,
a mesure que le ciel s’assombrit.
II y a ici aussi quelque chose à apprendre.
*
Fontaines asséchées, excrement
noir de chèvres enfuies: mais si tu regardes
du plus loin, lumière
aveuglante.
*
Creuser jusqu’à la pierre, dénuder
la veine de la roche, souterraine:
calcaire froid et blanc.
Conserver le lait ici, sur la neige.
*
Anémones, pervenches. Et, solitaire,
une touffe de bruyère,
plante gracile.
******

Procellaria
Si è voltata di scatto, forse incredula
di vederci arrivare lì , con quell’aria di pioggia.
Poi, ma senza paura, ha spiegato Ie ali
che avevano il colore delle nuvole
più scure.
*
L’avrei creduta più grande,
e bianca, soprattutto.
Colpisce invece I’occhio, sanguinoso,
il becco storto e un nome di stratempo.
*
Si dice possa volare per giorni interi
quasi senza posarsi. Si sospetta
che voli per il piacere di volare:
non per altro.
Pétrel
II s’est tourné d’un coup, incrédule peut-être
quant à nous voir arriver là , par un air de pluie.
Puis, mais sans peur, ll a déployé ses ailes
de la couleur des nuages
les plus sombres.
*
Je Ie croyais plus grand,
et blanc, surtout,
Mais ce qui frappe: son œil, sanguinaire,
ce bec tordu et un nom de mauvais temps.
*
On dit qu’il peut voler pendant des jours
presque sans jamais se poser. On devine qu’il vole
pour Ie plaisir de voler:
pour rien d’autre.
******
Fuggiasca
Cerca quello che resta
dopo lo sguardo,
dopo la marea e il ritiro delle acque,
dopo ogni giorno e prima di ogni giorno.
La sua è una luce incerta
o fuori spettro:
credi di intuirla, ti volti e non c’è.
Prende quello che resta
e lo rimette in gioco : aghi di pino
sparsi, forellini,
ombre di gatto già saltato via,
gli arabeschi dei gabbiani sulla sabbia.
Raccoglie Ie cortecce, gratta i muri.
*
Dici che lungo il cammino
bruciavano le foreste dietro di not.
Che non si sapeva perché ,
ma qualcuno diceva: ecco,
è questo il motive del viaggio,
per questo siamo qui.
Dici che I’orizzonte
era inquieto e struggente, rosso fuoco.
*
Dietro la casa ce un giardino incolto;
sopra un filo
sventola un abito rosso. Per terra
palle di plastica, vasi pieni di sabbia.
Più lontano
una parete d’assi chiude il cielo.
*
Di chi è passato di
qui rimane poco o niente:
qualche goccia,
forse, sopra una foglia,
il movimento di un ramo.
O è solo il vento.
*
La donna che raccoglieva pigne
inghiottita dal bosco. La poltrona
del vecchio: deserta
(ieri pioggia).
Ci vuole poco a credersi smarriti.
E il cane dei vicini,
che piange per tutta la notte?
*
Hai quasi imparato a osservare
con gli occhi grati di un ospite invisibile,
e che spettacolo allora la pioggia,
I’improvviso grigiore del vento, il mare.
Fugitive
Elle cherche ce qui reste
après Ie regard,
après la marée et Ie retrait des eaux,
après chaque jour et avant chaque jour.
Sa lumière est une lumière incertaine
ou bien hors spectre:
tu crois la deviner, tu te retournes, elle n’est pas là .
Elle prend ce qui reste
et le remet en jeu: aiguilles de pins
éparpillées, petits trous,
l’ombre d’un chat déjà enfui,
les arabesques des mouettes sur le sable.
Elle ramasse les écorces, gratte les murs.
*
Tu dis qu’au long du chemin
les forêts brulaient derrière nous.
Qu’on ne savait pourquoi,
mais que quelqu’un disait: voilà ,
c’est ça la raison da voyage,
c’est pour ça que nous sommes ici.
Tu dis que l’horizon
était inquiet et déchirant, rouge feu.
*
Derrière la maison, un jardin en friche:
sur une corde
flotte un vêtement rouge. Par terre
des balles de plastique, des vases remplis de sable.
Plus loin
un mur de planches ferme le ciel.
*
De ceux qui ont passé ici
ll reste peu ou rien :
quelques gouttes,
peut-être , sur une feuille,
Ie mouvement d’une branche.
Ou ce n’est que le vent.
*
La femme qui ramassait des pives,
engloutie par le bois. Le fauteuil
da vieux: désert
(hier, la pluie).
II en faut peu pour se croire perdu.
Et Ie chien des voisins,
qui gémit toute la nuit?
*
Tu as presque appris à observer
avec les yeux reconnaissants d’un hôte invisible;
et quel spectacle alors la pluie,
la soudaine grisaille du vent, la mer.
*****

La terre emerse
Là, dove nidificheranno molti uccelli.
*
Insisti nello scrutare a lungo il mare
diffidando del tuo sguardo disabile.
*
No, niente di maestoso, per fortuna.
Piuttosto una nuova. calma, una diversa
geometria delta spuma.
*
Si vorrebbe raggiungerle
proprio nei giorni peggiori, quando Ie onde
sembrano ghiaccio azzurro, il cielo pesa
più grigio, e unico scampo
rimane I’improbabile.
*
Se ci sono,
se brillano sotto il pelo
dell’acqua, inconosciute
eppure attese, fuori vista,
saranno lastre verdi di sasso,
Lievemente inclinate.
*
L’emersione
si addebita alle forze
e alle frizioni che sconvolgono il fondo,
a un’orrenda pressione in assenza
di ogni altra possibilità.
Un lunghissimo periodo di mestizia
si può considerare inevitabile.
*
Avranno freddo anche loro, intirizzite,
e forse pioverà , ci sarà il vento.
Dovremo accoglierle bene, riconoscerle,
scostare adagio il buio dai loro brividi,
convincerle dolcemente a, rimanere.
La geografia e tutte Ie coordinate
cambieranno da. sole, senza fretta;
ci vorrà un po’ di tempo per capire.
*
E poi non devi illuderti: vedremo
al massimo I’inizio,
la timida colonia del molluschi, un po’ di bava
d’alga bagnata nelle scanalature,
la sosta di un gabbiano, un grido roco
che sembra senza senso o troppo fragile,
eppure si propaga, si moltiplica.
I fiori, I’erba e Ie altre cose bellissime
verranno forse dopo. Ma ci basta.
Les terres émergées
Là , où nicheront tant d’oiseaux.
*
Tu scrutes longuement la mer avec insistance
te méfiant de ton regard infirme.
*
Non, rien de majestueux, par chance.
Une tranquillité nouvelle plutôt, une autre
géométrie de l’écume.
*
On aimerait les rejoindre
même les jours les plus mauvais, quand les vagues
ressemblent a de la glace bleue, que Ie ciel pèse
plus gris, et que le seul refuge
reste l’improbable.
*
Si elles existent,
si dies brillent sous la surface
de l’eau, inconnues
et cependant attendues, hors de vue,
dies seront de vertes plaques de pierre,
légèrement inclinées.
*
L’émersion
est due aux forces
et aux frictions qui bouleversent Ie fond,
à une pression affreuse en l’absence
de toute autre possibilité.
Une très longue période de mélancolie
peut être considérée comme inévitable.
*
Elles auront froid, elles aussi, transies,
et peut-être pleuvra-t-il, y aura-t-il du vent.
Nous devrons bien les accueillir, les reconnaître ,
éloigner lentement le noir de leurs frissons,
les convaincre doucement de rester.
La géographie et toutes les coordonnées
changeront d’elles-mêmes , sans hâte;
il nous faudra un peu de temps pour comprendre.
*
Et d’ailleurs tu ne dois pas t’illusionner: nous verrons
tout au plus le début,
la timide colonie des mollusques, un peu de bave
d’algue mouillée dans les rainures,
la halte d’une mouette, un cri rauque
qui semble dénué de sens ou trap fragile,
et qui pourtant se propage, se multiplie.
Les fleurs, l’herbe et les autres choses magnifiques
viendront peut-être ensuite. Mais ça nous suffit.
Fabio Pusterla, Les Choses sans histoire – Le cose senza storia. Traduit de l’italien par Mathilde Vischer, Moudon 2020, (Editions Empreintes)